Écrit par Mila Khyentse

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Pour la tradition Dzogchèn, tout remonte à Garab Dorje qui, selon la tradition, est apparu 160 ans après le parinirvana du Bouddha.

Tout remonte à Garab Dorje (qui, selon la tradition, apparut 160 ans après le parinirvana du Bouddha) qui transmit à son disciple, Manjushrimitra, la somme de ses enseignements en 6 400 000 versets (Doha), son testament spirituel. Parmi ces versets figurent les trois préceptes, “Les trois préceptes pénétrants” (tib. : Tsig soum nédeg, Tshig gsum gnad rdegs1), l’essence du dzogchen.

 

Ngo rang thog tu sprad : La présentation directe qui révèle la nature essentielle.
Thag gcig thog tu bcad : La décision directe dans la certitude.
gDeng grol thog tu bca’ : Demeurer directement dans la Confiance de la Libération.

 

Le Dzogchèn est une tradition qui est encore pleinement vivante grâce à toutes les générations passées qui n’ont jamais oublié leurs prédécesseurs ni leur enseignement..

 

Manjushrimitra divisa ces versets en trois séries, celle de l’Esprit, celle de l’Espace et celle des Instructions Primordiales (cette dernière divisée en sections orale et explicative). Il a laissé à son disciple, Shri Singha, son testament spirituel appelé les “Six Expériences Méditatives”. A son tour, Shri Singha divisa la série explicative des Instructions Primordiales en cycles externe, interne, secret et ultra-secret dans une progression explicative de plus en plus exempte de concepts. Il conditionna leur transmission par une quadruple introduction (à la nature de l’esprit) : élaborée, simple, très simple et finalement ultimement simple. Shri Singha eut deux disciples, Vimalamitra et Jñanasutra. Ce dernier, qui reçut davantage d’enseignements de Shri Singha, fut également le maître de Vimalamitra à qui il légua son testament, “Les Quatre Méthodes Profondes”. Vimalamitra fut invité au Tibet par les traducteurs Kawa Paltsek et Chokro Lui Gyeltsen, où il resta treize ans avant de disparaître au Wutaishan (Chine). Avec un traducteur du Tibet oriental nommé Youdra Nyingpo, ils traduisirent un grand nombre de textes Dzogchèn, ce qui constitua l’une des introductions du Dzogchèn au Tibet.

Une autre transmission fut faite par Vairotsana, un Tibétain d’origine, qui se rendit en Inde pour recueillir les transmissions de Shri Singha, de qui il reçut la série de l’Esprit et de l’Espace. Désireux de recevoir davantage de transmissions, il resta en Inde et finit par recevoir l’intégralité des 6 400 000 versets du Dzogchèn. Il retourna ensuite au Tibet et enseigna tout ce qu’il avait recueilli. Enfin, un maître du Nord-Ouest de l’Inde nommé Padmasambhava, extrêmement connu dans le monde tibétain, aurait propagé une partie de la série des Instructions Primordiales reçues de Shri Singha.

 

Très rapidement au Tibet, ce sont les enseignements des Instructions Primordiales qui se sont répandus. Ces textes sont aujourd’hui connus sous le nom des “Dix-sept Tantras”.
Un grand maître tibétain du XIVe siècle, Longchen Rabjampa, a compilé la quasi-totalité de la littérature Dzogchèn antérieure en trois sommes : “Les Sept Trésors”, “La Trilogie de la Liberté Naturelle” et “La Trilogie de la Détente Naturelle”. Il s’est attaqué aux définitions, les rendant plus claires et plus affinées.
Depuis le XIe siècle au Tibet, les enseignements du Dzogchèn se sont enrichis de textes retrouvés dans l’esprit de pratiquants réalisés, appelés “Terteun” (Découvreurs ou Révélateurs de Trésors). Au XIVe siècle, apparaît le cycle du moment de la mort appelé “Karling Shitro” (du nom de son découvreur Karma Lingpa). À la fin du même siècle, Rigdzin Geudem découvre “La Sagesse pénétrante”. Au XVIIe siècle, Terdak Lingpa révèle “Le cœur du Sens Profond de l’Ati”. Au XVIIIe siècle, Jigme Lingpa dévoile le cycle de “L’essence du Cœur de l’Immensité” qui devient l’enseignement Dzogchèn le plus pratiqué au cours des trois derniers siècles.

Longchen Rabjampa a systematisé l’approche méthodologique2. Selon lui, elle est tripartite et structure l’ensemble du chemin.
1- Félicité (déwa, bde ba)
2- Radiance, clarté (selwa, gsal ba)
3- Absence de pensée (mitogpa, mi rtog pa)

Ce sont trois qualités (émergeant de la pratique de la voie dzogchèn) et natures (immanentes à l’esprit) qui constituent la base d’une voie tripartite :
1- préliminaires
2- pratique principale
3- phase d’achèvement
Ce chemin en trois parties peut être résumé comme étant le Tsig soum nédeg.

Dans le Dzogchèn, comme dans la plupart des traditions du monde asiatique, la lignée de transmission de génération en génération est d’une importance capitale : elle permet de se connecter de manière authentique avec l’origine de la réalisation, car elle a été maintenue vivante depuis le début.
Le Dzogchèn est une tradition qui est encore pleinement vivante grâce à toutes les générations passées qui n’ont jamais oublié leurs prédécesseurs ni leur enseignement.

1-Lorsque le tibétain est mentionné, le premier terme est la prononciation orale et le second terme, en italique, est la translittération wylie. Back

2– Longchenpa, translation and comments by Herbert V. Guenther, Kindly bent to ease us: the trilogy of Finding comfort and ease, Ngal gso skor gsum, vol. 2 Meditation, Dharma Publishing, 1976.

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