Boxer vers l’éveil
Écrit par Grégoire Langouet
Blog | Dzogchèn Pratique | Les bases du Dzogchèn
Poursuivant les épreuves des JO, Grégoire explore dans « Boxer vers l’éveil » des métaphores entre boxe et Dzogchèn
Série : Eté 2024
Boxer vers l’éveil
A la boxe comme dans le Dzogchèn, il faut s’habituer à prendre des coups – métaphoriques, bien entendus, rassurez-vous tout de suite ! Nous ne sommes tout de même pas masochistes… « Quoi que… », affirment en plaisantant certains spectateurs. Dans le Dzogchèn, ce sont des coups puissants qui sont portés à nos habitudes en tout genre.
Attention, ces impacts sont toujours bien placés – et parfois tout à fait inattendus. Difficile de savoir d’où ils vont venir et comment nous allons y réagir. Mais les « coups » dans le Dzogchèn – les éclairs de la compassion –, sont là afin de nous aider à arpenter le chemin : à raffiner notre vision de la nature ultime de la réalité – libre et dynamique, vide et lumineuse, immensité pénétrante. Et lorsque l’on se prête au grand jeu que constitue la tradition Dzogchèn, ils nous permettent d’accélérer ou de nous remettre en route de plus belle. Car nos habitudes bien ancrées et le far-niente de l’été ont toujours une légère tendance à durer, et donc à nous faire traîner – avançant alors au ralenti –, vous n’avez pas remarqué ?
“Le match est alors à son sommet. Des deux côtés, entre joueurs, on reconnaît tout ce qui se passe et on progresse ensemble. Le flot continu du jeu dynamique prend place…”Lancer le marteau
Et bang ! Un grand uppercut au visage, à peine monté sur le ring. Ça réveille. C’est un peu comme un avant-goût de la présentation à la nature de l’esprit : choc sans nom, surprise abyssale, perte de tout repère. La mâchoire a claqué. Toute la boîte crânienne a résonné. Sonné ! On voit à peine. Les sons nous parviennent comme de lointains échos. Nos jambes flageolent mais tiennent bon. Et voilà qu’apparaissent les fameuses « trente-six chandelles » dont parlait ma grand-mère ! Pas le temps de les compter…
Et bing ! Un crochet en plein dans l’estomac – à couper le souffle. Une immense force a jailli que l’on n’a pas vu venir. Je me courbe en deux. J’essaye de retrouver mes esprits. Il faut se ressaisir sinon ça va mal finir… Les impacts pleuvent à présent. Je me baisse, me retire, tiens ma garde. Esquiver, encaisser puis rendre les coups. Voilà à quoi j’aspire pour continuer le combat.
Sans remonter au pugilat (du latin pugilatus, de pugnus, « poing ») ou au pancrace (du grec παγκράτιον – pankrátion – : « tout en force » ou « en puissance ») de nos ancêtres Grecs – nous voici encore aux origines historiques des Jeux Olympiques ! – nous en resterons à leur principal et digne descendant : la boxe dite anglaise. Apparue et codifiée au XVIIIe siècle, en Angleterre comme son nom l’indique, chaque impact, donné ou reçu, y aura dorénavant un nom et des spécificités.
Pour s’amuser – mais oui, c’est l’été et les Jeux Olympiques, enfin ! –, on pourrait comparer les principaux types de coups de poing aux expériences sur le chemin du Dzogchèn : félicité (bde ba), clarté (gsal ba) et absence de conceptualité (mi rtog pa). Mais à chacun de voir qui du direct, du crochet et de l’uppercut correspond à quelle expérience. Suspense… Dans tous les cas, il faudra d’abord s’entrainer, répéter l’expérience, encore et encore – mais au final quelle puissance, vous verrez !
Ainsi de coup en coup, d’expérience en expérience – ou de plongeon en plongeon, pour reprendre une autre métaphore –, on apprend à reconnaître les nuances, à mieux prévoir comment se placer, comment recevoir et répondre, jusqu’à ce que les deux ne fassent plus qu’un. Le match est alors à son sommet. Des deux côtés, entre joueurs, on reconnaît tout ce qui se passe et on progresse ensemble. Le flot continu du jeu dynamique prend place…
Les premiers directs au visage qui nous laissaient totalement sonnés et sans voix, incapables de réagir – les premières expériences caractéristiques de la présentation à la nature primordiale de la réalité –, ont été petit à petit intégrés au cours du combat. Ils continuent de nous réveiller et permettent à une grande clarté de se développer, pour poursuivre le chemin, souple et vif, alerte et vigilant. Chargé de notre motivation à toute épreuve, la Victoire au-delà de toute victoire nous attend, avec certitude – le grand bain de la présence spontanée !
Il reviendra au maître-entraîneur, l’ami de bien, lui qui est déjà passé par-là et connait par coeur toutes les ficelles, de nous donner les bons exercices d’entrainement, d’ajuster leur fréquence puis d’adapter la force des impacts – ceux de l’enseignement et ceux de nos illusoires adversaires car on ne se bat que contre soi-même dans le Dzogchèn, et en un combat illusoire qui plus est ! Tout ceci afin de nous mener au plus vite, avec tous les êtres, à la Victoire ultime, à la parfaite plénitude du pur éveil !
Retrouvez les autres articles de la série : Cérémonie d’ouverture – Nenikekamen! – Lancer le marteau – Le grand bain
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