L’éclair de la compassion

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Ecrit par Nils Derboule

Nils Derboule est un ingénieur généraliste et chef de projet qui étudie et pratique le Dzogchèn depuis plusieurs années tout en restant dans l'activité.

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Dans son article “L’éclair de la compassion”, Nils présente comment l’ami de bien peut nous amener à faire l’expérience fondamentale de la Grande Perfection.

L’éclair de la compassion

 

Quand on évoque l’ami de bien dans la tradition du Dzogchèn, on parle en premier lieu du guide ou du maître, celle ou celui qui, inscrit dans une lignée authentique, a fait le chemin avant nous et est donc en capacité de nous guider. C’est l’un des points-clés de cette tradition. Car sans guide, comment faire le chemin ? A l’instar d’un apprenti qui suit les enseignements d’un maître-artisan, la Grande Perfection nécessite une transmission directe “d’être humain à être humain”, que ce soit pour partager son essence ou encore ses formes, comme des postures du corps, des gestes symboliques ou des chants. C’est donc ce que fait un ami de bien : partager la Grande Perfection.

Il y a beaucoup, mais alors, beaucoup de manières différentes de partager. Cela va dépendre de l’ami de bien certes, mais également de l’élève et de ses biais cognitifs et émotionnels, de l’espace où se rencontrent les deux protagonistes, de l’instant auquel a lieu cette rencontre, et bien entendu de ce qui est transmis. Beaucoup de conditions, donc… pour un grand bénéfice ! Mais attention : cela n’a pas besoin d’être dans un temple tibétain, avec les reflets miroitants de l’or des statues, l’odeur des lampes à beurre et la fumée des encens ; cela fonctionne tout aussi bien dans un restaurant japonais à l’heure de midi, entre les bruits des cuisines et un bol de ramen brûlant.

“L’ami de bien a la capacité fondamentale de pouvoir partager cette Vue. Il est à la fois l’espace du ciel qui nous enveloppe et les rayons du soleil qui nous touchent.”

 

Voilà pour la théorie. Sauf que…

Comment partager la connaissance primordiale, l’expression naturelle toute rayonnante de l’essence vide de la réalité ? Rien qu’à le lire, on n’y comprend rien, alors allez le transmettre !

Et pourtant…

Tout commence par la Vue. Élément central dans la culture du Dzgochèn, qui dit qu’il n’y a rien d’autre à réaliser. Cette Vue est l’absence fondamentale de toute vue conceptuelle, la vue naturellement vide de la nature de la réalité. Tout est englobé dans et pénétré par cette Vue. C’est un peu comme lorsque le regard traverse l’atmosphère pure un matin de grand soleil après une nuit d’orage. Il y a une fraîcheur spontanée, une vibration puissante et imperceptible qui semble venir du ciel lui-même et nous pénètre tout autant.

L’ami de bien a la capacité fondamentale de pouvoir partager cette Vue. Il est à la fois l’espace du ciel qui nous enveloppe et les rayons du soleil qui nous touchent. Ayant achevé le chemin, il sait que le chemin est illusoire, et que toute réalisation également. La félicité de l’évidence primordiale rayonne naturellement, imprégnée de l’amour de l’ami de bien pour tous les êtres. Et ça, pour l’élève, c’est un véritable trésor… Même s’il nous réserve quelques surprises, vous allez voir !

dzogchentoday-The lightning bolt of compassion

Lorsque l’on s’engage sur le chemin du Dzogchèn, il y a un principe auquel personne n’échappe : on emmène tous nos bagages – nos tendances habituelles – avec nous. On va donc y chercher ce qu’on recherche dans notre existence : gloire et beauté, reconnaissance et mondanités. Qui plus est, nos vies sont un peu surchargées, donc si cela peut être tranquille, cela nous arrangerait bien.

Avec cet état d’esprit, ayant reçu les instructions, l’élève s’entraine à la Vue. Il étudie, médite, questionne. L’ami de bien est l’atout majeur, le joker infaillible qui inlassablement le guide. Car réaliser la Vue du Dzogchèn est très exigeant : on ne peut se contenter de rester vautré dans le canapé de sa compréhension intellectuelle en visionnant la dernière série de nos expériences méditatives. Non, l’élève doit se confronter à la réalité dynamique et intransigeante du quotidien, et cela passe parfois par des chocs, des réveils salutaires. La Vue, un long fleuve tranquille… vous m’en direz tant !

Et oui ! Percer les voiles conceptuels que l’élève épouse comme une seconde peau, instant après instant, cela fonctionne rarement avec des mots doux. L’ami de bien le sait puisqu’il est passé par là. Même si sa compassion ne souffre nulle interruption et que chaque parole, chaque geste, chaque pensée est l’occasion idéale pour introduire la Vue ou la rappeler, il vient un moment où l’élève est mûr pour le réaliser. Alors, l’ami de bien sort le grand jeu : la foudre.

L’éclair de la compassion est puissant, direct, électrisant. L’élève ne peut plus badiner. L’instant d’avant il trainait des pieds, englué dans un nuage d’inconnaissance. L’instant suivant tout a disparu : le saisissement laisse la place à la lucidité transparente.

Cela n’est pas arrivé par magie. La puissance de la bénédiction de la lignée que véhicule l’ami de bien ne laisse aucune échappatoire. Je ne vous fais pas un dessin : cela peut être un mot qui percute l’élève comme un rugissement, un mouvement du corps qui le propulse dans l’espace absolu… Peu importe, le résultat est là : la Vue de la Grande Perfection.

Là où de l’extérieur, on a la sensation que la foudre a frappé sans trop qu’on sache le pourquoi du comment, l’ami de bien vient en réalité d’offrir à l’élève le plus beau cadeau : l’introduction à la nature de l’esprit.

Alors, prêt.e pour l’éclair de la compassion ?

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