Un petit discours sur la tradition des retraites dans le Dzogchèn
La tradition du Dzogchèn insiste sur le fait, de temps en temps et pas forcément pour très longtemps, de se retirer du monde pour pouvoir aller plus profondément dans la découverte de nous-mêmes.
On appelle cela des retraites solitaires et, que ce soit en montagne, dans la campagne ou en bord de mer, le plus important est d’être tranquille et loin de toute activité humaine.
Vous me direz : cela devient difficile aujourd’hui de ne pas croiser un seul humain ! C’est totalement vrai, mais il existe malgré tout de tels lieux un peu partout dans le monde, en cherchant bien…
Pourquoi faire une retraite?
“Un bon conseil, et d’ailleurs le seul important à appliquer lorsque nous faisons une retraite : ne s’attacher à rien et éviter la maladie de tout vouloir comprendre tout le temps.”
Au début…
Durant la retraite
Il est important ensuite, lorsque la retraite est vraiment entamée, d’avoir un programme régulier qui va rythmer les jours et les nuits et nous permettre d’avoir une structure sur laquelle nous appuyer. Cette structure est importante car elle nous oriente, nous guide, au fur et à mesure des jours qui passent, vers un regard de plus en plus profond. Cette régularité dans la retraite est essentielle car c’est elle qui graduellement nous permet d’orienter notre regard de plus en plus vers l’intérieur tout en gardant une habitude de vie pour ne pas sombrer dans des états statiques.
Lors de ces retraites, nous pratiquons la méditation bien entendu… mais pas que. Les exercices physiques sont également importants car cela nous évite de nous atrophier en restant assis dans la même position trop longtemps.
Quelle que soit la forme de pratique que nous avons, il est essentiel de recevoir des instructions de notre instructeur ou de notre maître avant de commencer pour éviter de faire quelque chose de trop décousu ou de simplement prendre quelques jours de congés à la mer, la montagne ou dans la campagne…
On peut bien entendu amener son doudou préféré ainsi que d’autres objets, photos, etc. auxquels on tient et de se munir d’un certain nombre d’ouvrages en lien avec la retraite que l’on effectue pour continuer à apprendre et confronter son expérience à la sagesse de toutes celles et ceux qui ont effectué leurs retraites avant nous.
Il est vraiment intéressant d’observer la très grande richesse d’expériences que nous faisons lors de ces moments privilégiés. Ce sont souvent d’ailleurs des expériences essentielles qui nous marquent à jamais.
Un bon conseil, et d’ailleurs le seul important à appliquer lorsque nous faisons une retraite : ne s’attacher à rien et éviter la maladie de tout vouloir comprendre tout le temps.
Lors de ces moments privilégiés, comme cela a déjà été dit, notre appréhension de la réalité et notre perception des choses s’approfondit et s’affine. Parfois à un tel degré que l’expérience que l’on en a nous échappe complètement. Le mieux est alors de se dire : « OK, je ne peux pas comprendre cela maintenant. Je le laisse de côté pour l’instant, je le note, et j’en parlerai à mon enseignant après la retraite ou bien je finirai par le comprendre un jour, lorsque j’aurai suffisamment d’expérience et d’intégration. »
Si l’on arrive à appliquer cette règle fondamentale, nous pouvons pleinement profiter de notre retraite au lieu de passer notre temps à essayer de comprendre ce qui ne peut l’être…
Comment sortir ?
Et oui, cela peut paraître paradoxal, mais il faut autant se préparer à la sortie qu’à l’entrée en retraite. Il est bien de commencer à réfléchir au retour, peut-être trois jours avant la fin de la retraite, pour anticiper le retour et la réapparition des interactions. On peut ainsi penser à nouveau au déplacement que l’on va faire pour rentrer chez nous, les discussions que l’on va avoir avec les proches qui vont très certainement nous demander : « alors, comment ça s’est passé ? », le retour au boulot, etc. Cela va nous permettre d’atterrir en douceur. D’ailleurs, plus le temps passé en retraite est long, plus il est important de faire ceci. Nous allons ainsi nous réhabituer à la vie de tous les jours, bien différente de celle que nous venons de vivre.
Plus nous aurons l’habitude de faire ce type de retraites et moins nous aurons besoin de nous réhabituer.
Les bénéfices
Ils sont multiples et très souvent pérennes, si l’expérience est renouvelée régulièrement. Tout d’abord, nous revenons avec une autre perception de la réalité de notre quotidien. Des événements que l’on prenait pour extraordinaires ou catastrophiques ne nous impactent plus autant qu’avant. Des collègues de bureau ou des amis qui nous pourrissaient la vie ne nous affectent plus vraiment. Nous avons pris beaucoup de recul par rapport aux choses tout en étant beaucoup plus présent à ce que nous vivons. Nous tournons également moins vite dans la roue du hamster et prenons plus de temps pour nous et ce qui est vraiment essentiel dans notre quotidien. Nous nous apercevons aussi que nous respirons mieux et beaucoup de personnes autour de nous remarque que notre simple présence leur fait du bien.
Et cela ne fait que commencer…
La tradition du Dzogchen insiste vraiment beaucoup sur le fait d’effectuer régulièrement des retraites hors du monde, il doit y avoir de bonnes raisons pour cela… À notre tour de découvrir lesquelles.
Vous voulez essayer ?
Voici un endroit merveilleux pour faire des retraites dans des conditions idéales : https://www.lasauvete.org/
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