Tireur d’élite

Série : Eté 2024 

Tireur d’élite

Sans balle, sans arme, sans personne…

Ô êtres du futur ! Quand j’écris ce texte, c’est les JO 2024, dans les années au bord de la fin du monde. Si vous lisez ce texte, cela veut dire que vous savez lire, et je m’en réjouis, ô êtres du futur ! L’art de lire a donc été préservé dans les siècles à venir.

Mais, peut-être que les JO, vous ne savez pas ce que c’est ?

Les JO c’est au départ une sorte de grande fête pour célébrer les exploits physiques de certains êtres humains très costauds ou très entraînés. Mais à notre époque, cela s’est un peu complexifié, et on y parle beaucoup d’argent. Si vous ne savez pas ce qu’est « l’argent », disons que c’est un système d’échange par convention, la promesse d’un avenir meilleur que les êtres humains s’échangent parce qu’ils ne veulent plus se rendre service directement. Si vous ne savez pas ce qu’est un « être humain », mmm…

“L’Aïeul, le Premier : celui qui, dès l’origine, a enseigné l’alpha et l’oméga d’une essence qui n’a jamais varié, qui ne s’est jamais altérée, qui n’a jamais été inventée.”

Il est donc possible que ce texte ne sera lu que par les êtres de 2024. Alors je fais des souhaits pour vous, ô êtres du futur qui ne savez pas lire !

Maintenant en 2024, c’est le temps des épreuves de tir à la carabine, de tir de précision, il y a des tireurs d’élites — mais peu importe. Dans le Dzogchèn, il n’y a qu’un tireur d’élite : Garab Dorjé.

Garab Dorjé, c’est le fondateur de la lignée de la Grande Perfection. Par fondateur, entendez l’Aïeul, le Premier ; celui qui, dès l’origine, a enseigné l’alpha et l’oméga d’une essence qui n’a jamais varié, qui ne s’est jamais altérée, qui n’a jamais été inventée. Il est celui qui cible primordialement cette essence — sans construction, sans mot, sans idée — au coeur de tous les phénomènes.

Garab Dorjé, parfois j’ai écouté mon maître l’appeler « le flingueur ». C’est une boutade bien sûr, mais ce n’est pas qu’une boutade, c’est une réalité. Il est « tireur d’élite », dans le sens où il cible direct au point précis où il fait exploser cette réalité. À notre coeur. Sans balle, sans poudre, sans air comprimé, sans carabine, sans intention, sans acte. Il lui suffit d’un doigt. Un seul doigt qui pointe l’essence a-focale de tout notre continuum. C’est la libération à la base, c’est l’introduction à la nature de l’esprit.

Et même sans doigt ça marche aussi.

Ce texte pourrait s’arrêter là, ô êtres du futur, car si vous ne savez pas lire je m’escrime un peu en vain — je vais donc continuer par des souhaits à votre bénéfice, ô êtres, comme un feu d’artifice !

En effet, que vous sachiez lire ou pas, on dit, dans le Dzogchèn, que des émanations sans nombre apparaîtront pour enseigner le savoir ultime et premier : celui de la découverte de la nature primordiale de l’esprit, ce savoir dont découlent tous les autres, car il est lié à la capacité de reconnaître la base du flot de la connaissance même. Ces maîtres, humbles ou nobles, riches ou pauvres, athlètes ou gringalets, auront les apparences les plus diverses et apparaîtront en divers points du temps, quand les conditions seront propices, et quand certains êtres — vous peut-être ? — seront prêts à recevoir l’enseignement de la Grande Perfection.

Aussi, faites des souhaits, êtres du futur !

Retrouvez les autres articles de la série : Cérémonie d’ouverture  –  Nenikekamen!  –  Lancer le marteau – Le grand bain  – L’aviron de la Grande Perfection