Le quatrième temps

Écrit par Johanne Bernard
Blog | Réflexions sur la vie
Dans « Le quatrième temps », Johanne nous parle des trois temps… et du quatrième temps, au-delà du temps.
Série : Les conditions difficiles dans le Dzogchèn
Le quatrième temps
J’étais, je suis, je serai… Nous nous rappelons tous de ces leçons de conjugaison apprises à l’école… Petits, nous découvrons le temps, de manière linéaire. Nous comprenons, en grandissant, que tout a un début, un milieu et une fin. Et toute notre existence, ensuite, nous conjuguons notre vie : j’ai fait, je fais et je ferai ; j’ai possédé, je possède, je posséderai ; j’ai aimé, j’aime, j’aimerai…
Passé, présent, futur, sont les trois temps selon lesquels nous appréhendons toute notre réalité. Trois temps, distincts, qui semblent bien tangibles dans notre expérience… Mais existent-ils vraiment ?
Le passé, c’est ce qui n’est plus. C’est aussi tout ce que l’on regarde derrière nous, ce sont nos souvenirs ainsi que les pensées et les émotions qui y sont liées, joie, tristesse ou regrets. Il n’existe plus et pourtant, il existe encore pour nous.
“Ce quatrième temps est celui du temps sans projection, quand le concept des trois temps s’effondre lors des états d’absorption méditative. C’est l’aspect naturel du temps, qui est toujours présent, inconditionné.”
Le futur, c’est ce qui n’est pas encore. C’est aussi tout ce que l’on regarde devant nous, ce sont nos projections ainsi que les pensées et les émotions qui y sont liées, espoir, peur ou angoisse. Il n’existe pas encore et pourtant, il existe déjà pour nous.
Le présent c’est ce que nous vivons. On pourrait dire qu’il existe mais, en fait, il nous file sans cesse entre les doigts, puisqu’il disparaît à chaque instant. Et comme il disparaît à chaque instant, il est à la fois passé et futur. Aussi, selon le souvenir du passé et la projection du futur, et les émotions et pensées qui y sont associées, le présent devient bonheur ou souffrance.
Passé, présent, futur n’existent pas par eux-mêmes puisqu’ils sont définis par nos projections et sont donc illusoires. Ces trois temps, que nous apprenons à conjuguer depuis notre enfance, sont en réalité des concepts, déterminés par la manière dont on les pense, dont on les nomme et dont on les vit.
Si, depuis notre naissance, la réalité, pour nous, s’inscrit dans ces trois temps, la tradition de la Grande Perfection, elle, parle d’un quatrième temps. Ce quatrième temps est celui du temps sans projection, quand le concept des trois temps s’effondre lors des états d’absorption méditative. C’est l’aspect naturel du temps, qui est toujours présent, inconditionné. Celui de l’état de contemplation.
Est-ce un concept également ? Oui, selon le Dzogchèn. Car les trois temps ou le quatrième temps ne sont pas différents de par leur nature. Seule la sphère au sein de laquelle ils sont expérimentés en change leur perception : sphère karmique, celle de la projection dans le devenir, et ce sont les trois temps qui se déploient ; sphère primordiale, et les trois temps s’absorbent dans l’aspect naturel du temps, à la fois tous les temps, et au-delà du temps.
Passé, présent, futur, quatrième temps, les quatre en même temps, ni les uns, ni les autres… quand le concept du temps disparaît, le concept même d’existence s’évanouit… et l’infini s’ouvre, au-delà de toute imagination.
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