La naissance
La naissance, tout comme la vieillesse, la maladie et la mort, constitue une des réflexions fondamentales qu’il est important d’avoir d’emblée lorsque l’on commence la pratique du Dzogchèn.
Ce sont des préliminaires à tout autre pratique, notamment à l’application de la méditation.
Pourquoi ? Parce qu’il est indispensable de bien se connaître, de savoir ce que nous sommes avant même de se poser la question de qui nous sommes. Il est crucial également de savoir avec quoi nous nous “battons” : quelles sont nos limitations, nos souffrances ; bref, tout ce que nous voulons dépasser, purifier, transformer ou développer.
Tout remonte donc à la naissance, forcément.
Écrit par Mila Khyentse
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Dans cet article, le premier d’une série sur l’existence, Mila Khyentse parle de la naissance du point de vue du Dzogchèn.
CITATION
Sans naissance, pas de Grande Perfection… Et pourtant, la Grande Perfection est au-delà de la naissance !
Nous sommes nés de l’union de nos parents. Un lien s’établit donc d’entrée de jeu, entre « nous » et deux autres êtres qui nous ont permis d’apparaître dans ce monde. Pourtant, ce lien ne s’arrête pas là : il conditionne aussi notre appartenance à la communauté humaine, à un peuple, à une famille.
Ce lien premier, la naissance, va donc définir toute notre existence et déterminer tout ce que nous serons et ferons et, bien sûr, comment nous finirons.
Ce principe cardinal de la naissance, se retrouve aussi dans toutes nos expériences : tout apparaît à un moment donné, se maintient en se transformant pendant un certain temps (c’est la dégénérescence) et finit par disparaître à un autre, comme nos pensées, nos sensations, nos émotions.
La naissance est donc la base même de toute notre expérience : nous nous levons le matin, nous naissons à une nouvelle journée et nous nous couchons le soir pour mourir à cette même journée.
La naissance conditionne donc toute notre existence et même toutes nos existences, selon le Dzogchèn. Elle fait de nous des êtres humains, ou des animaux, voire des dieux ou des demi-dieux… selon la tradition qui stipule que la naissance est la porte d’entrée à six types d’existences spécifiques (voir l’article de Paul à ce sujet) dans lesquelles nous évoluons constamment, existence après existence. On peut y croire ou non, cela n’empêche pas la pratique de la Grande Perfection de toutes façons !
Habituellement, cette ronde sans fin est prise comme la pire des malédictions dans les traditions Dzogchèn et surtout bouddhistes. C’est certainement le cas, car nous nous sentons alors toujours coincés, emprisonnés entre naissance et mort et ne souhaitons qu’une seule chose : fuir cette condition éphémère. D’un autre côté, nous avons une peur bleue de disparaître, de mourir.
C’est le paradoxe de l’existence, être toujours tiraillé par les contraires, auquel mène la naissance, et il nous est difficile ne serait-ce que d’y penser ou de l’envisager profondément.
Pourtant, la tradition Dzogchèn insiste sur un point : c’est parce que tout naît que tout peut mourir, et c’est justement là l’occasion la plus formidable qui soit de découvrir ce que nous sommes réellement, de dépasser le paradoxe de la naissance. En effet, la Grande Perfection insiste sur le fait que notre nature véritable, primordiale, se situe justement à la base de la naissance : tout ce qui émerge, qui naît, est l’expression de cette nature.
Si nous prenons garde à la façon dont tout émerge dans notre esprit et si nous demeurons lucides, sans jugement ni peur sur le chemin de transformation et de disparition de tout ce qui a émergé, nous nous retrouvons face à notre réalité nue : notre nature claire, vide et lumineuse au-delà de la naissance, de la dégénérescence, de la maladie et de la mort.
Sans naissance, pas de Grande Perfection… Et pourtant, la Grande Perfection est au-delà de la naissance !
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