Un temps d’observation
Écrit par Maréva Bernard
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Maréva partage l’importance de prendre « Un temps d’observation » au début du chemin pour bâtir des bases solides. Ecouter, étudier, pratiquer.
Série: Le chemin spirituel dans le Dzogchèn
Maîtres et Disciples
Un temps d’observation
Le chemin peut commencer de nombreuses manières, mais très souvent il existe un moment de bascule. Une rencontre, la lecture d’un texte, quelque chose qui nous fait dire “oh…, ah…, hum… il s’est passé quelque chose”. Notre curiosité est piquée au vif, et l’on ne peut pas ne pas aller plus loin.
Alors commence une phase d’observation.
J’ai assisté à mon premier weekend d’enseignement il y a 13 ans. J’y allais un peu pour faire plaisir à quelqu’un et parce que, bon, j’avais prévu de partir en vacances au Yunnan (Chine) deux mois plus tard alors, au moins culturellement, ça pouvait être intéressant. Autant dire que je ne cherchais (consciemment) rien et que j’avais peu d’attentes !
J’ai trouvé la première journée passionnante. Je suis rentrée excitée comme une puce à la maison : “on a parlé de ceci, il nous a expliqué ça, c’était hyper intéressant…”
Le deuxième jour, on a pratiqué, un peu, et j’ai pris une claque. Je ne sais pas exactement ce qui s’est passé mais je me suis retrouvée toute bête en sanglots, à me blottir sous l’immense écharpe que j’avais prise avec moi. Je m’étais toujours posé des questions sur la vie, l’univers et le reste. Je n’avais pas plus de réponse mais c’est comme si l’on venait de me dire : il y a un chemin pour y répondre.
« Ce n’est pas un chemin de passivité, ni au début, ni au milieu, ni à la fin. »
Après ce weekend, je savais que j’allais aller plus loin. Mais, en bonne ingénieure, j’ai vérifié. J’ai acheté deux, trois livres sur le sujet pour voir si ce qui m’avait tant intéressée ce weekend se confirmait. J’ai pratiqué l’exercice reçu, presque tous les matins, pour vérifier que ce que j’avais entre-aperçu faisait sens sur la durée.
J’ai questionné l’enseignant, sur ce qui me semblait étrange dans la pratique, sur mes états d’âme pour participer à un prochain stage qui tombait pendant mes vacances. J’ai reçu patience, bienveillance et compréhension.
Je suis donc partie en vacances et me suis inscrite au stage suivant. De deux jours, passer à une semaine. J’ai reçu de nouvelles instructions, que j’ai de nouveau mises en pratique quotidiennement. Je me suis inscrite au stage suivant, rebelote. Et j’ai programmé ma première retraite, dans un gîte à la campagne. Dix jours pour me plonger de manière plus intense dans la pratique.
Et… ça ne s’est plus jamais arrêté depuis.
D’étape en étape.
J’ai découvert que la tradition décrivait les caractéristiques d’un maître qualifié et conseillait à l’élève de bien s’assurer qu’elles étaient réunies avant de s’engager.
Et que le maître vérifiait aussi que l’élève était qualifié avant de lui donner les instructions.
Même si l’on peut être tenté de démarrer tout feu tout flamme, ce temps d’observation est crucial et permet au mental de se mettre au diapason avec le cœur. C’est ce qui nous permettra de ne pas douter demain, quand nous serons plus engagés sur le chemin. Ce qui fera que ces doutes salutaires du début ne deviennent pas des abîmes de doutes dans la pratique.
Prenons le temps d’observer. Prenons le temps d’être sûr. Mais pas en attendant passivement.
Nous pouvons nous assurer que la manière d’enseigner nous convient, que ce que nous voyons ne nous heurte pas même si cela peut nous déranger ou ébranler nos certitudes. Pas besoin de critiquer pour montrer son indépendance d’esprit mais se rappeler qu’il n’y a pas de “meilleur maître”, mais seulement de “meilleur maître pour soi”.
Écoutons, pour vérifier que cela nous correspond, pour nous ôter tout doute sur la qualification de notre enseignant.
Étudions, pour vérifier que cela nous correspond, pour acquérir une confiance complète dans l’enseignement que nous recevons.
Pratiquons, pour vérifier que cela nous correspond, pour observer directement ce qui se passe dans notre esprit et confrontons-le à ce que nous avons étudié.
Ne cédons pas à l’oisivité en choisissant de faire “plus tard”. Ne cédons pas à l’hyperactivité, en voulant faire tout, tout de suite. Ne cédons pas à la facilité de vouloir remettre notre réalisation entre les mains de quelqu’un. Car alors, il se ne passera rien. Nous nous arrêterons aussi vite que nous avons commencé. Notre élan s’essoufflera et deviendra déception.
Ce n’est pas un chemin de passivité, ni au début, ni au milieu, ni à la fin. Nous sommes responsables de notre pratique et de notre chemin. Et nous n’avons pas envie de faire n’importe quoi.
Cette existence humaine est trop précieuse.
Recevoir l’enseignement d’un maître, donner un enseignement à un disciple, c’est un lien fort qui touche à ce qu’il y a de plus inestimable : la possibilité de reconnaitre la nature primordiale de notre esprit.
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