Montrer la Grande Perfection

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Écrit par Mila Khyentse

Mila Khyentse est un enseignant français du Dzogchèn et du Bouddhisme tibétain et l'initiateur du projet Dzogchen Today!

Blog | Dzogchèn Introduction générale | L'aventure Dzogchèn

Dans “Montrer la Grande Perfection”, Mila Khyentse parle de l’Introduction à l’esprit, l’expérience fondatrice du chemin Dzogchèn.

Série: Le chemin spirituel dans le Dzogchèn

Approfondir le chemin du Dzogchèn

 

Montrer la Grande Perfection

Pour parcourir le (non-)chemin de la Grande Perfection, il est nécessaire de voir le résultat d’abord.

Cela peut sembler contre-intuitif, mais c’est justement cela le chemin du Dzogchèn : parcourir le résultat comme chemin, en se rappelant toujours que le résultat est à la Base, c’est-à-dire déjà présent.

Ce n’est peut-être pas facile dit comme cela. En fait, pour la Grande Perfection, c’est tout bonnement impossible d’atteindre le résultat s’il n’est pas visible ou n’a pas été vu au moins une fois.

 

“Pas de Grande Perfection sans Maître, pas de chemin sans Disciple…”

 

C’est cela montrer la Grande Perfection : établir le résultat, la Grande Perfection de toute la réalité, à la Base, c’est-à-dire dans la vision de la pratiquante et du pratiquant. Ainsi, « munis » de cette vision, la pratiquante et le pratiquant savent immédiatement si c’est la vision de la Grande Perfection ou son absence dans chaque expérience sur l’esprit.

Montrer la Grande Perfection nécessite un certain nombre de facteurs conjoints. Tout d’abord la motivation fondamentale, l’esprit d’éveil : parcourir le chemin de la Grande Perfection pour le bien de tous les êtres. Ensuite, la dévotion : le lien infaillible au maître, support de Grande Perfection. Puis, une très bonne compréhension de la réalité illusoire de l’apparence des phénomènes et de la réalité ultime de leur essence vide : la vue correcte de la Grande Perfection de la nature de la réalité. Enfin, un esprit ouvert, aventureux, joyeux et empli de respect pour le mystère de la vie et de la mort. Le dernier point est un bonus, mais il est néanmoins très important aujourd’hui.

Riches de tout cela, la pratiquante et le pratiquant peuvent désormais arpenter le chemin de la Grande Perfection. Cela commence par « montrer la Grande Perfection ».

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Qui montre ? C’est généralement le Maître sous n’importe quelle forme : femme ou homme ou circonstances ou rêves, etc., sans distinctions particulières, car lorsque les conditions sont mûres, tout est le reflet de la Grande Perfection. Comme la nature de la Grande Perfection n’est pas accessible directement la plupart du temps, il nous faut une porte, un reflet identifiable vers l’aspect véritable de notre propre esprit. C’est le rôle du Maître. De plus, la Grande Perfection ne peut bien sûr être montrée que si elle a été totalement réalisée et si elle est expérimentée continuellement par le Maître.

Qu’est-ce qui est montré ? Notre véritable nature. Nous vivons directement, en un instant, l’expérience que notre esprit est en fait totalement clair, limpide, sans limites conceptuelles ou émotionnelles, et qu’il est en même temps luminosité incroyable, primordiale, et que ces deux aspects (qui ne sont en fait pas deux), clarté-luminosité, sont présents dans tous les phénomènes sans exception, qu’ils soient internes ou externes. Dans la tradition tibétaine, cela a un nom : c’est l’introduction à la nature primordiale de notre propre esprit. C’est le premier aphorisme de Prahevajra, le « fondateur » du Dzogchèn : « Rencontre dans l’instant ta nature essentielle ». C’est ça l’introduction à notre propre nature.

Pourquoi la montrer ? Parce que c’est le début du véritable chemin vers la réalisation pour la Grande Perfection. Auparavant, c’est une préparation à l’introduction. Une fois celle-ci advenue, elle est la base du chemin à arpenter car le résultat n’est plus perdu de vue. Contrairement à la plupart des traditions spirituelles où l’on s’entraîne, pratique, etc., pour atteindre un résultat généralement inconnu, celui de la Grande Perfection est connu à la base, au démarrage du chemin. On sait donc sans erreur ce qui est à atteindre continuellement, dans toute notre existence, jour et nuit.

Ainsi, dans la tradition de la Grande Perfection, du Dzogchèn, le chemin spirituel de transformation ne peut commencer qu’à la condition expresse de pouvoir percevoir directement la grande perfection de notre esprit. C’est l’expérience fondatrice de l’introduction qui est le vecteur principal de notre réalisation et, pour cela, elle doit être montrée.

Pas de Grande Perfection sans Maître, pas de chemin sans Disciple…

 

 

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