Les huit éclats de la compassion

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Écrit par Mila Khyentse

Mila Khyentse est un enseignant français du Dzogchèn et du Bouddhisme tibétain et l'initiateur du projet Dzogchen Today!

Blog | L'aventure Dzogchèn

Dans « Les huit éclats de la compassion », Mila Khyentse parle de la nature réelle des phénomènes pour le Dzogchèn : éclats de compassion.

Série : Comment pratiquer le chemin du Dzogchèn ?

 

Les huit éclats de la compassion

 

La base de l’enseignement Dzogchèn, la série de l’esprit (tib. sems sde), met en avant que tout ce que nous percevons, pensons et vivons est la manifestation pure de notre propre esprit. Là où nous pensons voir une réalité extérieure définie et définitive, là est l’esprit pur et parfait (tib. byang chub sems). Là où nous pensons voir souffrance et malheur, douleur et soulagement, là est la nature connaissante de l’esprit pur et parfait, l’évidence primordiale (tib. rig pa). Là où nous pensons voir un espace rempli d’êtres qui errent sans fin, là est la manifestation de compassion (tib. thugs rje), la souveraine manifestation de la nature de notre propre esprit.

Le Dzogchèn, la Grande Perfection, déclare alors simplement que nous sommes en train de dormir et que nous rêvons que nous sommes en train d’errer sans fin dans une multitude infinie d’expériences dans lesquelles malheur et bonheur, souffrance et joie alternent sans cesse.

 

 “Ainsi, le message de la Grande Perfection est que l’activité de compassion a toujours, est toujours et sera toujours là, au sein de notre esprit.”

 

Comment alors se réveiller ?

En étant éblouis par les huit éclats de la compassion. Dans la tradition Dzogchèn tibétaine nyingmapa, celle des Anciens, la manifestation de compassion de notre propre nature se manifeste dans notre rêve infini en prenant des formes que nous pouvons reconnaître : des êtres, des objets, des sons, des lumières, etc. Ces manifestations sont cependant un peu différentes des autres : elles portent de manière visible l’éclat lumineux de l’esprit pur et parfait et sont la manifestation directe de l’évidence primordiale. Dans la forme traditionnelle du Dzogchèn, on les appelle les Vidyadharas (tib. rig ‘dzin), les Seigneurs de l’évidence primordiale, les « enseignants » du Tantra racine de la série de l’esprit, le Roi Créateur de toutes choses (tib. Kun byed rGyal po, skt. Kulayarāja Tantra). Dans une perspective un peu plus bouddhiste, on les appelle les huit éclats de la compassion, les huit grands êtres, les huit grands bodhisattvas [1]. Ce ne sont pas des « êtres » à proprement parler, ce sont des « êtres d’éveil », manifestation directe de notre nature véritable. Ce sont des témoins, des événements, des êtres que nous pouvons rencontrer tout au long de nos existences quand les conditions le permettent et quand notre intention de nous réveiller est forte. Ces huit éclats se manifestent continuellement dans toutes les apparences, car ils sont la manifestation de compassion universelle (tib. thugs rje) de la nature véritable (tib. rang bzhin) de notre propre esprit primordial (tib. ngo bo).

dzogchentoday-eight-sparks-of-compassion-2.jpg @Mila Khyentse

Ainsi, le message de la Grande Perfection est que l’activité de compassion a toujours, est toujours et sera toujours là, au sein de notre esprit. C’est l’activité éveillée qui nous montre comment se réveiller. C’est l’activité même de notre propre esprit.

Comme il est dit dans le chapitre 3 du Roi créateur de toutes choses : « L’esprit pur et parfait, nature de l’esprit, répondit : l’évidence primordiale est le seul véritable enseignant de tous, pourtant mon essence manifeste trois aspects et ainsi jaillissent les trois catégories d’enseignants. Je suis l’unicité de la condition fondamentale et c’est cela précisément la réalité des phénomènes : il n’y a que moi, esprit pur et parfait. (…) »

[1] Mañjuśrī, Vajrapāṇi, Avalokita, Maitreya, Ākāśagarbha, Kṣitigarbha, Sarvanīvaraṇaviṣkambhin, Samantabhadra. RETOUR

 

 

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