Cérémonie de clôture

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Écrit par Maréva Bernard

Maréva est manager de projet et coach. Elle est impliquée pour La Sauveté depuis 2012 et présidente de l'association La Galave depuis 2016. Elle pratique le Dzogchèn depuis 2011.

Blog | Philosophie dzogchèn | Réflexion sur la mort

Dans «Cérémonie de clôture» Maréva marque la fin des JO, comme la mort marque la fin de cette existence et la possibilité d’un nouveau départ.

Série : Eté 2024

 

Cérémonie de clôture

 

Après avoir joué tout l’été, la cérémonie de clôture se doit d’être grandiose, les portes-drapeaux des participants entrent dans l’arène, suivis des athlètes. Les drapeaux des pays hôtes préfigurant le relais des prochains jeux sont hissés. Puis, au son de l’hymne olympique, la flamme née du soleil d’Olympie est éteinte et sera rallumée dans 4 ans par la force du même soleil [1] .

Ça me rappelle quelque chose…

Une flamme qui s’éteint… sans vraiment s’éteindre, nous dit la Grande Perfection.

A l’heure de la fin de notre existence, si l’on se retourne, ces jeux de la vie ont été fort variés ! Un petit marathon pour tenir sur la durée, des premiers biberons au choix de la fac, le foot en équipe, avec des amis pour organiser le plus beau concert de l’école, un tir à la carabine, pour trouver un nouveau travail, le saut d’obstacles, quand les problèmes de santé se sont rapprochés et cumulés à la fin de notre vie, un peu d’apnée, pour la plongée dans les absorptions profondes de la méditation, et le hip hop quand il a s’agit de les intégrer au quotidien. Oui, le hip hop est entré aux JO.

A l’heure de la clôture, les épreuves olympiques de la réalité de notre monde s’effacent peu à peu comme un rêve qui s’évanouit. Les sensations du corps restent au vestiaire avec l’arrêt de la respiration. Notre saisie des émotions retourne progressivement à sa base, la conscience se résorbe jusqu’à l’inconscience ou la reconnaissance, selon notre niveau d’entraînement.

“Nous accrochons des médailles éphémères au tableau de notre existence, avant une nouvelle cérémonie de clôture, une nouvelle chance de reconnaissance, et un nouvel oubli.”

Un texte tibétain fondamental de la Grande Perfection, “La Libération par l’écoute de l’état intermédiaire” (tib. : bar do thos grol), nous décrit avec précisions les différentes étapes de ce moment de la mort, encore plus précisément qu’une chorégraphie de Thomas Jolly. Sons, lumières, héros et figurants, le programme est coloré. On parle d’une expérience rouge, puis d’une expérience blanche et d’une expérience noire, et enfin une expérience permettant la reconnaissance de notre propre nature en cas d’entraînement, ou d’un nouveau déploiement des phénomènes quand cette reconnaissance n’a pas eu lieu.

 

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C’est pour cela qu’un pratiquant de la Grande Perfection s’entraîne toute sa vie pour ce moment, pour que la reconnaissance de sa véritable nature reste stable et rejoigne son essence primordiale quand tout le reste se sera évanoui.

Car sans entraînement adéquat, nous passerons de la peur du moment où tout semble disparaître, à la grande confusion du moment où tout se déploie à nouveau. Nous serons noyés dans le ballet des drapeaux et poussés par la foule de nos pensées qui nous envoient de-ci de-là, du stand à hot-dog aux toilettes publiques… La flamme de notre conscience vacille alors, ne reconnaissant plus rien.

Ce moment d’errance est appelé traditionnellement l’espace intermédiaire du devenir. Ballotée par les tendances récurrentes de nos émotions et de nos pensées, sans direction, ce que nous pensons être une petite flamme isolée s’épuise et semble s’éteindre. Ne reconnaissant pas son origine, la flamme pense que tout est fini. Mais le soleil d Olympie est toujours présent et le souhait de retrouver les jeux y rallumera une nouvelle flamme qui traversera les océans et marquera le démarrage de la prochaine fête, d’un nouveau marathon, de nouvelles épreuves de foot, de tir, de saut d’obstacle, de disciplines inattendues, de nouvelles médailles et d’une nouvelle cérémonie de clôture. Et encore et encore.

 

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S’il faut attendre 4 ans à Olympie, la tradition parle de 49 jours entre la fin d’une vie et la prochaine naissance. A l’issue de ces 49 jours d’errance, les jeux (illusoires) de la vie se déploient de nouveau et nous nous y agrippons alors comme s’ils étaient réels. De chaque épreuve, notre vie dépend, et nous alternons désormais entre grandes joies à immenses déceptions. Nous accrochons des médailles éphémères au tableau de notre existence, avant une nouvelle cérémonie de clôture, une nouvelle chance de reconnaissance, et un nouvel oubli.

Mais existence après existence, jeu après jeu, avec les bonnes instructions et l’entraînement adéquat, il est possible d’apprendre à reconnaître chaque étape de cette cérémonie de clôture, de ses drapeaux à la nature de sa flamme et de ne plus être le jouet de ses reflets infinis.

Alors la flamme ne s’éteindra plus. Et le jeu se déploiera en toute grande perfection.

 

 

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