Histoires lorsque la lumière décline

Écrit par Mila Khyentse
Blog | Culture et traditions
Dans « Histoires lorsque la lumière décline », Mila Khyentse se souvient des histoires de son maître racontées pas les autres, des histoires de Jack-o’-lantern.
Série : Halloween
Histoires lorsque la lumière décline
Cette période de l’année où la lumière décline me rappelle toujours le temps où l’on passait, mon maître, sa khandroma(son “épouse mystique”) et ses moines, de nombreuses veillées à se raconter des histoires. Celles qui revenaient le plus, un peu comme les histoires fantastiques de Jack-o’-lantern, étaient celles de mon maître, Alags Chörten, narrées par les autres. Il riait toujours de bon cœur à chacune d’entre elles, comme pour signifier qu’elles avaient pu exister… ou pas et que, de toutes façons, ce n’était pas important puisqu’elles étaient passées depuis longtemps.
« J’ai eu la chance (ou le « good karma » ?) de pouvoir assister en direct à certaines de ces histoires. Ce dont je me souviens le plus, c’est du rire de mon maître. »
Ainsi, parmi d’autres, cette « histoire » que s’était remémorée le moine Akeu Dargyai (Acho Thargyé, en langue de Lhasa), la fois où Alags avait été invité par un proche à fêter le nouvel an tibétain chez lui. Il avait bien sûr accepté car il ne disait jamais non. Mais voilà que le lendemain, un autre proche le sollicite exactement pour la même chose au même moment. Et mon maître d’acquiescer ! Le soir de la veillée du nouvel an, le premier à avoir invité Alags téléphone au second pour s’excuser de se l’être « accaparé ». Un blanc à l’autre bout du fil. Puis la voix du second s’exclamant : « Mais pas du tout, Alags est avec nous en train de manger ! ». Et le premier de rétorquer : « Ce n’est pas possible, il est ici, bien installé dans le fauteuil en train de parler à la famille ».
Immanquablement, des histoires de guérison “miraculeuses”, de découverte de « trésors » ou d’« activités spéciales » arrivaient souvent dans les discussions. On parlait ainsi souvent de cette capacité qu’avait Alags de produire spontanément des cordons de bénédiction (tib. soungku, srung skud ou cordon de protection : soungdu, srung mdud) en mettant simplement le fil dans sa bouche et en tournant légèrement sa langue. Il en ressortait toujours un cordon avec trois à cinq nœuds. Il lui arrivait également de mettre le fil sur la tête de la personne à qui le cordon était destiné et les nœuds se formaient automatiquement. Il attachait ensuite le cordon noué autour du cou de la personne.
J’ai eu la chance (ou le « good karma » ?) de pouvoir assister en direct à certaines de ces histoires. Ce dont je me souviens le plus, c’est du rire de mon maître.
Rendez-vous l’année prochaine à la même date pour d’autres histoires, lorsque la lumière décline.
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