La Lumière du fond de la nuit
Écrit par Mila Khyentse
Blog | Dzogchèn Pratique | Et moi dans tout ça ? | Réflexions sur la vie
Dans cet article, La Lumière du Fond de la Nuit, Mila Khyentse nous parle de la lumière de la nuit, de l’importance des fêtes et de leur lien avec notre esprit.
Noël
Le monde chrétien fête la naissance du Christ dans la nuit du 24 au 25 décembre. C’est une nuit spéciale pour beaucoup en Occident. C’est également une nuit mystique, pas seulement pour les enfants qui attendent excités que le pied du sapin se garnisse comme par magie et l’aide du vieux monsieur Noël, mais parce qu’elle nous ramène à quelque chose d’autre.
En fait, cette nuit était depuis longtemps considérée comme une des plus longues de l’année, située autour du solstice d’hiver. En 274, l’empereur romain Aurélien qui avait voulu unifier religieusement l’Empire, avait choisi cette date qui était la conjonction de la fin des fêtes Saturnales traditionnelles romaines et du jour de naissance de la divinité solaire des cultes à mystères, Mithra. Il nomma cette fête la grande fête du culte du Sol invictus, du « soleil invaincu », pour montrer la prééminence de la lumière sur les ténèbres. Cette date sera retenue, au 4e siècle par le monde chrétien, comme étant le « soleil de justice » d’une ère nouvelle.
Le Mystère du fond de la Nuit
Cette nuit, c’est l’une des plus obscures, des plus mystérieuses de l’année. C’est un vrai mystère qui se joue là : le rappel, le souvenir ou la vigilance de la lumière dans les ténèbres les plus obscures. Avant, dans les campagnes européennes, sortir en pleine nuit avec une lanterne à la main pour assister à la messe de minuit était considéré comme une véritable aventure mystique, comme une expérience unique dans l’année qui permettait de nous rappeler notre nature humaine.
Dans la tradition de la Grande Perfection, ce rappel de la lumière dans l’obscurité est une expérience cruciale que l’on s’efforce de vivre, d’expérimenter, d’appréhender… lorsque nous sommes prêts pour le faire.
“C’est une chance d’avoir ces rappels encore présents dans nos cultures, même si beaucoup d’entre nous ne se souviennent plus vraiment du sens profond des fêtes. Elles nous permettent, même inconsciemment, de faire le lien avec ce que nous sommes profondément, même si ce n’est qu’une nuit par an…”
La Lumière du Fond de la Nuit
Lorsque c’est le bon moment, nous nous retirons du monde et nous enfermons dans une pièce totalement obscure, sans un seul rayon ou une seule source de lumière et passons nos journées et nos nuits à méditer sur notre nature et son véritable aspect : la lumière.
Au bout d’un temps plus ou moins long, au plus profond de la nuit, l’obscurité elle-même s’illumine et nous nous retrouvons projetés au pied du sapin éclairé dans les ténèbres. C’est cela Noël, la « bonne nouvelle » : la lumière est dans l’obscurité. C’est la lumière du fond de la nuit.
Nous savons également, en tant que pratiquante et pratiquant Dzogchèn que cette expérience est fondamentale, car c’est celle que nous vivrons pour la dernière fois au moment de notre mort. Reconnaître à ce moment-là la lumière dans l’obscurité, c’est contempler notre véritable nature ; et la mort n’est plus la mort.
C’est une chance d’avoir ces rappels encore présents dans nos cultures, même si beaucoup d’entre nous ne se souviennent plus vraiment du sens profond des fêtes. Elles nous permettent, même inconsciemment, de faire le lien avec ce que nous sommes profondément, même si ce n’est qu’une nuit par an…
Alors, profitons bien d’une des nuits les plus longues de l’année, et assurément de la plus lumineuse.