Iceberg
Écrit par Maréva Bernard
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Dans cet article, Mareva nous emmène explorer un iceberg, majestueux au dessus comme au-dessous de l’eau et de la même nature que l’océan.
Série : L’été de l’océan
Iceberg
L’iceberg flotte au milieu de l’océan. Un glaçon géant, une sculpture de glace, un objet aussi majestueux qu’éphémère.
Au-dessus de la surface de l’eau, les rayons du soleil se reflètent sur sa masse blanche aux formes harmonieuses. En dessous, son blanc devient bleu, sa masse se déploie et plonge dans les profondeurs. Il est immense et se fond dans l’océan. De l’eau dans de l’eau.
La partie émergée semble autonome. Elle se détache du ciel et nous pouvons en dessiner les contours. C’est la première chose que nous voyons en arrivant en bateau : une surface pour les manchots, un lieu d’amarrage pour le zodiac, un objet qui flotte.
Mais quand l’eau devient calme, nous devinons que l’iceberg s’enfonce, qu’il existe autant au-dessus qu’en dessous. La curiosité nous pousse à explorer son entièreté. Alors nous plongeons, plus profond, et passons sous la surface.
Cette masse immergée est bien plus vaste que ce que nous avions observé. Les dix pour cent visibles cachent les quatre-vingt dix pour cent qui la font flotter.
Au contact de l’eau, les contours sont moins nets. L’iceberg fond de manière continue. Plus ou moins vite, de manière plus ou moins homogène, mais sans interruption. Il devient évident que sa base est de la même nature que l’océan.
“ Iceberg et océan sont les manifestations d’une même eau, comme nos vies sont la manifestation de la même nature de l’esprit, sans début ni fin, sans existence ni non existence.”
Et si le dessous l’est, le dessus l’est aussi.
A force de fondre, l’équilibre s’inverse et l’iceberg se renverse. Le dessous devient le dessus, le dessus devient le dessous. Il continue de fondre et se retourne à nouveau. Encore et encore. Entre quelques jours et quelques mois, il aura entièrement disparu.
Lorsque l’eau de l’iceberg aura rejoint celle de l’océan, elle s’évaporera, formera des nuages, de la neige, un nouveau glacier, qui libèrera de nouveaux icebergs. L’océan est à la fois source et résultat, base et fruit.
Ainsi va le cycle de l’eau et celui de nos existences.
Notre vie ressemble à cette surface visible. Nos sensations, nos pensées et nos émotions semblent être un tout solide et cohérent. Nos perceptions définissent un début et une fin.
Puis, avec un peu d’entraînement, comme le Dzogchèn nous le propose, l’esprit du pratiquant devient plus calme et entraperçoit ses profondeurs. Apparaît alors l’espace des tendances récurrentes, celles qui caractérisent l’agréable, le désagréable et le neutre ; celles qui gouvernent la naissance, la mort et le devenir ; qui régissent la gravité et le vent. Puis se dévoilent un espace et un temps qui ne se mesurent pas.
C’est l’expérience des profondeurs océaniques.
Elle semble différente de celle de la surface, mais comme l’iceberg qui se renverse, la vision de l’expérience des profondeurs océaniques finit par rejoindre le quotidien. Alors la différence s’amenuise. En fait, elle n’a jamais existé.
Notre existence nous semble immuable alors qu’elle fond discrètement, centilitre par centilitre sous le soleil des jours qui passent.
Iceberg et océan sont les manifestations d’une même eau, comme nos vies sont la manifestation de la même nature de l’esprit, sans début ni fin, sans existence ni non existence.
Au moment de la mort, naturellement, notre iceberg a fondu.
L’eau s’est mêlée à l’eau.
Le cycle peut désormais s’arrêter… ou se continuer.
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