Combat ou fuite ? Les deux !

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Written By Mila Khyentse

Mila Khyentse est un enseignant français du Dzogchèn et du Bouddhisme tibétain et l'initiateur du projet Dzogchen Today!

Blog | L'aventure Dzogchèn

Dans cet article « Combat ou fuite ? Les deux ! » Mila Khyentse parle de comment aborder nos tendances : comme un chemin.

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Série : Les conditions difficiles dans le Dzogchèn

 

Combat ou fuite ? Les deux !

 

La plupart du temps, par rapport à tout problème ou toute problématique, nos deux réactions principales sont le combat ou la fuite. C’est la fameuse « fight or flight response », la « réponse combat ou fuite », documentée pour la première fois par le naturaliste américain Walter Bradford Cannon en 1915. Le principe est que, lorsque nous sommes dans une situationd’agression, ou face à une difficulté ou à un problème important, notre réponse naturelle est de combattre, de s’opposer à la problématique (on rentre en lutte), ou de la fuir. Notre réaction est fonction de ce que nous éprouvons par rapport à la situation : une envie de la dépasser ? C’est alors le combat. Un sentiment de peur ou d’impuissance ? C’est la fuite. Bien entendu, il y a quantité d’autres émotions/réactions associées à ce processus comme l’orgueil pour le combat ou l’anxiété pour la fuite, mais il n’y a pas la place ici de s’étendre.

 

 “Les pratiquantes et les pratiquants dans le Dzogchèn s’entraînent à reconnaître continuellement la nature de tout ce qui s’élève.” 

Pour la tradition de la Grande Perfection, comme pour W.B. Cannon, ces réponses sont « normales » dans le sens où elles font partie de notre condition d’être humain. La tradition parle de trois tendances qui nous poussent à agir/réagir : l’ignorance (de notre véritable nature), le désir et l’aversion. Ces deux derniers sont très similaires à la définition de Cannon en ce sens qu’ils orientent notre esprit dans cette dualité combat/fuite.

Sur le chemin du Dzogchèn, les deux tendances les plus actives quand on rencontre des difficultés, sont le combat et la fuite, l’aversion de l’échec et la fuite dans le bonheur. Une difficulté dans la méditation ? Je n’arrive pas à me concentrer ? Je m’énerve, je m’oppose, je m’entête : « je vais y arriver ! » Un être que j’aime meurt ? Cela me ramène à ma propre mort ? Je vais éviter soigneusement d’y penser plus avant. La vie, quoi… puisque le chemin du Dzogchèn c’est celui de la vie, ou inversement.

Dans le Dzogchèn, on ne va pas essayer de s’entraîner à ne pas réagir de cette manière. On va au contraire profiter de ces réactions qui nous sont naturelles pour les observer sous un autre angle. Sont-elles vraiment au fond, ou à la Base, ce qu’elles paraissent être ? Si jamais je pouvais les observer sans rentrer dans le jeu des émotions, les percevrais-je différemment ?

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La Grande Perfection nous invite à regarder plus en fond, plus en embrassant le mouvement créé dans l’esprit par la réaction. La réaction duelle ne le prenant pas réellement en compte. Et si, en approfondissant ma vision, je découvrais que lorsque le combat s’élève, son mouvement est absolument identique à celui de la fuite ? Si, en étant au-delà de la simple réaction, je voyais que combat et fuite ne constituaient que les deux faces d’une même expérience et que leur réalité était plutôt clarté et luminosité de ma véritable nature ? Cela changerait certainement beaucoup de choses dans mon expérience…

Les pratiquantes et les pratiquants dans le Dzogchèn s’entraînent à reconnaître continuellement la nature de tout ce qui s’élève. Des difficultés émergent ? Tant mieux ! Je vais pouvoir saisir cela comme une opportunité supplémentaire d’observer mon esprit. La pratique devient très facile et j’ai tendance à m’y laisser aller ? Tant mieux ! Je vais pouvoir saisir cela comme une opportunité supplémentaire d’observer mon esprit.

Facilité, difficulté, combat, fuite ? Tout est une expérience précieuse pour celle ou celui qui souhaite découvrir réellement comment fonctionne son esprit.

Alors : combat ou fuite ? Les deux bien sûr !

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